J’ai vraiment un truc avec les chansons qu’on connaît pendant des années avant de les aimer. J’ai eu ça avec “La chanson des vieux amants”, entre autres. Je suis bien certaine que j’aurai envie, ici, un jour d’écrire sur une autre chanson aimée sur le tard.
Que ces baffes sont douces. J’ai aimé cette chanson pendant mon DEUG. Je devais avoir le même mauvais Best Of Brel que la plupart des beaufs un peu snobs. Je n’avais pas un rond, pas la téloche, j’aimais fumer des joints toute seule (même période que la “Mano Solo” évoquée plus bas.) J’écoutais énormément de musique. A cette lointaine époque, Internet balbutiait et j’avais pas assez de fraîche pour avoir, de toute façon, un ordinateur.
J’écoutais des CD. Je devais réussir à en acheter 3 par mois, ma collection croissait lentement. De mon humeur dépendait un choix de deux ou trois CD que j’écoutais en boucle pendant une période avant de changer de sélection. Je pense avoir écouté chaque album que j’avais des dizaines de fois. Et pour certains titres, un jour, miraculeusement, un genre d’épiphanie. Une révélation, dirais-je, si j’étais moins précieuse. C’est ça, la baffe nommée plus haut. C’était une part du charme des CD. T’es en train de somnoler, une chanson que tu aimes moyennement passe et tu as la flemme de bouger tes fesses pour appuyer sur le bouton qui te permet de passer à la suivante. Tu tombes sur “La chanson des vieux amants”.
C’est comme ça que j’ai écouté pour la première fois les paroles. J’ai commencé à entrevoir ce que pouvait signifier réellement “cette chambre sans berceau”. A imaginer la pesanteur. Ce n’est plus une baffe, c’est une chappe. Ecouter ça à 40 ans met presque le coeur à vif. Je n’ose imaginer quelle réaction cela produira dans une vingtaine d’années.
ADDENDUM : Quand tu recherches « La chanson des vieux amants » dans Deezer, il te propose la version de Slimane, un mec de « The Voice »…