Je n’ai pas posté grand-chose, ces derniers mois, tout simplement parce que je n’ai rien terminé. Mon été a été riche en idées avortées. J’ai un post qui traîne sur “I Feel Pretty” de et avec Amy Schumer, j’ai très envie de l’achever, mais je n’y arrive pas.
Tout ça pour dire que j’ai écouté le dernier album de Lady Gaga. J’ai poussé le vice jusqu’à l’acheter en vinyle. Pas la BO de “A Star is Born” mais “Joanne”.

La première chanson qui m’a marquée est “Million Reasons”, sorte de variante pop et solide de “Glory Box”. Celle qui la suit sur l’album s’appelle “Sinner”s prayer”. Ami, si tu détestes Lady Gaga, va écouter cette seule chanson.
Je le jure, le son qui ouvre la chanson est le même qui celui qui ouvre
“Où t’étais ? – Invité par des potes à une soirée, on s’amusait bien, je n’ai pas vu l’heure qu’il était”
de ce bon vieux Ménélik. Suit une basse avec un genre de son de cymbale lointain qui donne une couleur Western au truc. Elle termine de planter le décor avec des incursions de piano qui font penser à Westworld, et des choeurs décidés. Et cette basse, tarantinolienne.
Ce truc, qui semble immonde quand je le décris, s’avère entraînant et plein de personnalité. Et ces trouvailles ne servent qu’à mettre en valeur la voix de Lady Gaga. Comment la décrire sinon dire que c’est l’exact opposé de celle de Lou Reed sur “Perfect Day”. Dans Lou Reed, j’entends une énergie fragile. Pour Gaga, c’est davantage une fragilité énergique.
On croirait, avec le souffle qu’elle a en permanence, qu’elle ne tiendra pas. Elle part sur un morceau qui l’emprunte à la country, On se dit qu’elle peut y arriver si elle reste dans un registre lancinant.
Le premier refrain arrive. Elle s’y investit avec une détermination qui rappelle celle du Gospel. Et cette détermination gagne en confiance au fur et à mesure de la chanson. Je n’ai pas envie de parler de puissance, parce que justement, c’est ce grain de vulnérabilité de plus en plus assumé et porté avec foi qui me touche.
Ecouter cette chanson, c’est comme voir quelqu’un se lever après être tombé 7 fois. Même si on comprend mal l’anglais, difficile, avec l’interprétation qu’elle en fait, de ne pas saisir “ I get on my knees and beg you”. J’y perçois de la fatigue, de la compromission et l’agacement, aussi. Cet agacement devient l’énergie qui porte le refrain.
“Hear my sinner’s prayer / I am what I am / And I don’t wanna break the heart of any other man / But you, but you”
Gaga résume ici une part essentielle de la condition féminine. On pourrait dire qu’elle est un peu victime, un peu chattarde revancharde, mais ce “I am what I am”, articulé avec sérénité en fait la star qu’elle est, avec toute l’imagerie marketeuse des “Littles Monsters” autour. Ce “I am what I am” porte l’héritage du” Say it Loud, I’m Black and Proud”. Peu de chansons peuvent autant donner une profonde joie de vivre.