Oh, Brigitte chérie

 

brigitte-a-bouche-que-veuxJe vous passe ce que j’ai pensé de Brigitte quand ce duo de filles bonnes a rencontré le succès. J’ai découvert ce qu’elles faisaient, un matin de “pas tout à fait insomnie mais presque”. Un week-end, réveillée à cinq heures, un “Je pourrai jamais me rendormir alors je commence ma journée”.  J’allumais encore la télé à l’époque. Ce jour-là, je tombe sur l’émission qui invite des groupes à faire des concerts chez les gens.

Je vous passe aussi ce que m’a inspiré le décor de l’émission. Un appart parisien aussi immense et luxueux qu’improbable.  Elles faisaient la promo de leur deuxième album. C’était leur époque “indifférenciables”. Je vois ces filles sublimes, dans des robes sublimes et pleines de panache, j’écoute ce qu’elles font, et là, forcément, je pense “réussite”.

Je me rends compte qu’elles ont du talent, des voix justes, sensibles et harmonieuses, j’ai envie de tendre l’oreille plus. Je fais ça. J’achète leur album, je l’écoute en boucle, je vais les voir en concert (à Nantes, le 13 novembre 2015), je ne m’en lasse pas.

J’ai attendu et j’écoute énormément leur dernier album. Passée la période réac – obligatoire en ce qui me concerne – du “ Oh, j’aimais mieux celui d’avant”, j’aime ce nouvel album. Et après le troisième, je commence à comprendre pourquoi.

Comme les séries, comme Romain Duris, Brigitte vieillit en même temps que moi. Juste un peu avant, par élégance, comme pour me prévenir. Elles ont ce truc que plein de femmes rêvent d’avoir en sachant que bon, faut passer à autre chose. Ce Romy Schneider, ce Marylin Monroe. Ce “les hommes la désirent et les femmes l’adorent”. Et elles sont deux comme ça, à s’être trouvées.  Par curiosité, je suis allée écouter ce qu’elles faisaient lorsqu’elles chantaient chacune de leur côté.  Bon.

J’aime chez elle l’aspect assumé de leur musique, et de leur image, il faut l’admettre. Lorsque je les aies vues en concert, j’y étais avec 6 à 8 personnes que je connaissais à des degrés différents. On sort de la salle, et un des types que je connais un peu mais pas tellement me voit toute émue. Je lui explique qu’à un moment, j’ai eu la larme à l’oeil. Il est un peu incrédule. Il me croyait intelligente, le bougre, et je viens de lui dire que je suis une midinette premier degré.

Brigitte est pour moi un des groupes les plus féministes. Sensibles et un peu chiennes, bosseuses et capables d’amitié, elles représentent ce à quoi j’aurais adoré ressembler. Je les aime, parce qu’elles ne renoncent à rien. Parce qu’elles sont “Moi en mieux”, comme dirait Clarika.

Le retour des fouf’ géantes

slits3Le problème du blog est aussi un garde-fou. On peut pas faire trop long. Et je rencontre toujours le même problème. La Digression. Oui, avec une majuscule, car c’est l’essence de mes monologues, oraux ou écrits.

Dans mon dernier billet, je voulais parler des Slits, de Viv Albertine et son autobio. Et hop, je divague et m’éloigne de ma préoccupation. Pourtant “I Heard Through The Gravepine”, me suffirait à écrire des pages entières. Encore plus depuis que j’ai lu le livre sus-nommé. Ca commence avec – je suis sûre qu’il y a un mot pour ça-  les 3 filles qui chantent bouche fermée un son très labial, un genre de litanie.

Une fille  – Ari – commence le chant, et réussit l’exploit punk de produire un genre de bégaiement décidé.  Elle passe ensuite par des miaulements, des performances vocales qui font passer la version de Marvin pour un hymne de grenouilles de bénitiers. Quand les Slits déboulent, on devient un animal. Ca donne envie de sexe, quoi. Ou, tout au moins, de courir torse nu, brandir une canette de bière mauvaise et tiède en découvrant des aisselles non épilées et brailler des “Oï, Oï”. En réalité, souvent, à 17h20, je quitte mon poste dans une banque, ferme jusqu’en haut mon manteau d’hiver, prend le RER et file chercher mon enfant à l’école.

Grâce aux Slits, ça va quand même. Viv Albertine produit un petit son métallique qui me rappelle la scène de la prison dans Hair, et globalement, les scènes de prison qu’on voit dans les fictions américaines. Les choeurs, derrière Ari et la guitare de Viv, sont l’exact contraire d’une minauderie.  Déterminés, graves, désespérés, en colère. La ligne de basse est un aveu que ces filles-là connaissent leur Desmond Dekker mieux que la moyenne.  Techniquement,  et c’est dit dans “De fringues, de musique, de mecs”, les Slits ne sont pas une référence. Bien sûr qu’on s’en fout. On peut difficilement défendre aussi bien qu’elles l’idée qu’une femme n’a pas à être là pour faire joli, pour faire valoir et pour se faire chier.