Lucile, mimolette et Rock’n Roll

berkEnfant, ma chambre était placée juste au-dessus du salon. Le dimanche, trop tôt pour moi, j’étais réveillée par l’ouverture de “Carmen”, à fond dans toute la maison. J’étais une de ces exécrables enfants cultivées et arrogantes. Quand j’en vois une aujourd’hui, j’ai envie de contrevenir à l’interdiction de la claque.

Le snobisme est tenace et, encore aujourd’hui, je ne peux m’empêcher une défiance bien conne à l’égard de ce qui est récent. Je me suis rendue compte que Muse faisait aussi des trucs pas mal il y a 8 ans, et j’ai écouté ma première chanson de NickelBack cette année.  J’en suis restée encore à une seule, faut pas croire non plus que j’aie eu une révélation qui m’aurait menée à ne plus être réac.

Je crois que celle que je connais est plus ou moins un tube : “How you remind me”. Je viens d’aller vérifier sur Youtube et là, double baffe :

1- Le mec s’est fait “la gueule à Nicholas Cage”, comme dirait le meilleur humoriste du service public

2- La chanson affiche un nombre de vues qui avoisine les 400 millions.

J’ai bien conscience de l’enfonçage de portes ouvertes qui va suivre. “How you remind me” me fait un peu l’effet de “Malibu” de Hole. J’ai un gros faible pour le rock propret produit par les Californiens.

Nickelback : déjà, entendre leur nom me donne l’impression qu’on va me coller sur un canapé et me forcer à regarder une chaîne pour enfants. Pour neutraliser Malcolm McDowell, je jure que le forcer à regarder un bootleg de porno et de Robocar Poli aurait été la solution la plus rapide et efficace. Bref, tu vois, ça me fait pas envie.

Et en même temps, c’est ce côté “Mimolette et guitare électrique”  que j’adore. Tu te méfies pas, tu te dis que t’es en train d’écouter de la soupe produite pour NRJ et après, tu te rends compte que le faux Coppola a une belle voix virile et sûre d’elle et qu’il te fait pas chier avec des vibratos de merde. Je suis d’humeur grossière, zut à la fin, je viens d’écouter Nickelback, tu vois.

Bref, cette chanson a le même genre de charme que les personnes que je préfère. Les gens qui la ramènent pas et qui, au fil du temps, te mettent honteusement à l’amende parce que t’aurais juré qu’ils étaient pas drôles  juste parce qu’ils sont un peu polis. “How you remind me” a plutôt l’air de rien mais je trouve vraiment du coeur à ce tube pour midinettes. Ca te sort pas du terrain connu, tu découvres pas de mélodies, de rythmes ou d’instruments. Mais elle existe, elle est là, elle est réconfortante et ne t’écrase pas. C’est l’épaule du pote qui te traîne en boîte parce qu’il a aucune idée de comment te réconforter.

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